Claviers en Partage : Julien Wolfs à Ivry-sur-Seine

le samedi 1er juin 2024 à 18h

Le nombre de places étant limité la réservation est indispensable, auprès de Laure Morabito (lauremorabito gmail.com tel. : 06 45 20 64 25)

Précisons que ce concert « Claviers en Partage », est organisé dans un cadre privé associatif. Il est gratuit, ouvert à tous sympathisants ou adhérents de CLEF, dans la mesure des places disponibles.
Il nous est offert par l’artiste dans le but de promouvoir les projets portés par l’association. Suivant la tradition nous conclurons la soirée par un verre de l’amitié.

Le Clavecin du Grand Siècle

Chambonnières, Louis Couperin, D’Anglebert

Julien Wolfs, clavecin

© Diego Salamanca

Jacques CHAMPION DE CHAMBONNIÈRES (vers 1601/2-1672)
Suite en la mineur des « Pieces de Clavessin » - Livre Premier - 1670
Allemande la Rare
Courante & Double de la Courante
Courante
Courante
Sarabande
Gaillairde

Louis COUPERIN (1626-1661)
Suite en ré mineur
Prélude
Allemande
Courante
Sarabande
Canaries
La Pastourelle
Gigue
Tombeau de Mr. de Blancrocher

Jean-Henry D’ANGLEBERT (1629-1691)
Suite en sol mineur des « Pieces de Clavecin », 1689
Prelude
Allemande
2e Courante
Courante - Mr de Lully & Double de la Courante
Sarabande Dieu des Enfers - Mr de Lully
Gigue - Mr de Lully
Gaillarde

Note de programme

« Tout le monde sait que cet illustre personnage a excellé par dessus les autres, tant à cause des pièces qu’il a composées que parce qu’il a été la source de la belle manière du toucher, où il faisait paraître un jeu brillant, et un jeu coulant si bien conduit et si bien ménagé l’un avec l’autre qu’il était impossible de mieux faire. » Voici ce que l’on peut lire à propos de Jacques Champion de Chambonnières dans une lettre de Monsieur Le Gallois, Lettre à Mademoiselle Regnault de Solier touchant la musique, publiée en 1680. Bien des années auparavant, en 1636, Mersenne louait déjà les qualités de Chambonnières : « Mais apres avoir oüy le Clavecin touché par le sieur de Chanbonniere, [...] je n’en peux exprimer mon sentiment, qu’en disant qu’il ne faut plus rien entendre apres, soit qu’on desire les beaux chants & les belles parties de l’harmonie meslées ensemble, ou la beauté des mouvemens, le beau toucher, & la legereté, & la vitesse de la main jointe à une oreille tres-delicate, de sorte qu’on peut dire que cet Instrument a rencontré son dernier Maistre. »
Champion de Chambonnières a dû montrer des dons très particuliers pour la musique puisqu’il reprendra la charge de son père, musicien du roi, dès 1611 (il a alors à peine 10 ans !). Il est par ailleurs reconnu comme l’un des meilleurs danseurs de la cour de Louis XIII, et on l’a encore vu danser aux côté de Louis XIV et de Lully dans le Ballet Royal de la Nuit en 1653. La synthèse de cette connaissance approfondie de la danse, et du style de l’écriture pour luth (instrument roi au tout début du 17e siècle) va donner naissance à ce style si particulier de l’école française de clavecin du 17e siècle, avec le succès que l’on a pu voir. À partir des années 1640, l’activité de Chambonnières est débordante, avec en plus de ses fonctions royales la fondation en 1641 de « l’Assemblée des Honnestes Curieux », organisation - financée par Chambonnières lui-même - donnant deux concerts par semaine.
C’est en 1651, à cette époque où il est considéré comme l’un des maîtres de la musique française, que Chambonnières reçoit chez lui une aubade offerte par les trois frères Couperin (dont Louis, né vers 1626), venus de Chaumes-en-Brie. Chambonnières, impressionné par le talent de Louis le fait venir à Paris. Louis Couperin y passa le reste de sa courte (puisqu’il mourut en 1661) vie, occupant le poste d’organiste à Saint-Gervais - il aurait refusé de prendre la place de Chambonnières en tant que claveciniste du roi par reconnaissance pour son maître ! Son œuvre, imprégnée d’un génie hors du commun, d’audaces harmoniques, d’un savant contrepoint sous des apparences simples, est presque exclusivement consacrée au clavecin et à l’orgue, et nous est parvenue en manuscrits dont le plus célèbre, pour le clavecin, est le Manuscrit Bauyn, manuscrit anonyme où l’on trouve par ailleurs de nombreuses pièces de Chambonnières. Ses Préludes, non-mesurés et notés donc sans rythme, uniquement en notes blanches, sont parmi les sommets de l’écriture pour clavecin. Malheureusement pour lui, le succès semble soudain abandonner Chambonnières, qui se verra obligé de vendre la charge refusée par Louis Couperin au troisième claveciniste de ce programme, Jean-Henry D’Anglebert, nommé Ordinaire de la Musique de la Chambre du Roi pour le Clavecin en 1662. On s’interroge encore sur les raisons de cette disgrâce : problèmes financiers, prétentions nobiliaires ridicules ? Un autre élément a dû jouer : l’incapacité de Chambonnières à réaliser la nouvelle basse continue, aptitude rendue nécessaire par la nomination en 1661 de Lully en tant que Surintendant de la musique et Compositeur de la Musique de la Chambre (puis Maître de la Musique de la Famille Royale en 1662 !), aptitude où D’Anglebert a dû exceller.
On ne sait pas d’où D’Anglebert, fils d’un cordonnier de Bar-le-Duc, reçut son éducation musicale. À Paris, il fut d’abord organiste, puis employé au service du Duc d’Orléans, frère du Roi, poste par lequel il devint proche de Lully. Son œuvre consiste principalement en un superbe livre de pièces de clavecin, publié à Paris en 1689, et qui synthétise l’art de toute sa vie : danses richement ornées, d’une grandeur et d’une magnificence dignes de ce que Lully a pu réaliser sur la scène, et superbes transcriptions de pièces de Lully dont il a dû réaliser la basse continue, transcriptions qui sont parmi les plus beaux exemples du genre.

Julien Wolfs


« Sous ses doigts, le clavecin chante, exulte, pleure, frémit, se lamente. » (Res Musica)

Julien Wolfs étudia le clavecin enfant avec sa mère, Marie-Anne Dachy, puis auprès de Menno van Delft (Conservatorium van Amsterdam), et Françoise Lengellé et Dirk Börner (CNSMD de Lyon).
Il fut à deux reprises premier lauréat du concours de Bruges : en 2007 en clavecin solo, et en 2009 avec l’ensemble Les Timbres. Au Premio Bonporti il reçut le prix de la meilleure interprétation de la basse continue.
Il se produit principalement en soliste et musique de chambre avec Les Timbres, le Ricercar Consort et Philippe Pierlot, et la flûtiste Stefanie Troffaes, en Europe et au Japon.
Parmi ses nombreux enregistrements, on remarquera ses enregistrements avec Les Timbres, de Rameau, Couperin, Buxtehude et Marais récompensés tous les quatre par un Diapason d’Or. En solo, avec son premier disque consacré à J.J. Froberger , « il entre avec aplomb dans la cour des grands » (5 Diapason). Il vient enfin de recevoir un Choc de Classica pour son enregistrement des Variations Goldberg.
Il se passionne pour la facture de clavecin qu’il côtoie dans l’atelier de son père, Jean-Luc Wolfs-Dachy, et pour les tempéraments. Avec l’aide de la Fondation de France, il a publié une méthode d’accord (éditions Delatour).
Il est enfin professeur au CRR du Grand Besançon et à l’ESM de Bourgogne-Franche-Comté.

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