L’improvisation 1er et 2e cycles

Les Journées de CLAVECIN EN FRANCE,
Samedi 17 mars 2007. CNR de Paris
Compte-rendu de la table-ronde :

Martine Chappuis et Elisabeth Sotinel sont médiatrices.

Elisabeth Sotinel (ENMD Dieppe) introduit la séance en présentant l’improvisation
comme une pratique complémentaire à l’apprentissage du clavecin au même titre que la
basse continue ou l’étude du répertoire. Elle peut débuter très tôt car elle favorise une
approche spontanée du clavier et permet souvent une bonne adaptation du toucher,
développe la curiosité et l’ imagination sans que l’élève soit influencé.

Martine Chappuis (CNR Bordeaux) lance le débat en relatant une expérience qui l’a
touchée avec deux élèves débutantes de classe à horaires aménagés arrivées en cours
d’année et qui voulaient démarrer le clavecin ensemble.
C’était le premier cours de Janvier 2000 après la grande tempête qui avait
particulièrement sévi dans le Sud-Ouest en Décembre et les petites filles en parlaient
encore.
Après une présentation de l’instrument, Martine a proposé aux élèves "de faire la
tempête" sur le clavecin italien de la classe, à quatre mains.
Ce moment a été très fort car elles avaient montré beaucoup d’expression dans un « jeu »
immédiat, et cela avait permis d’aborder les nuances, différentes techniques de jeu et
déceler un tempérament fort chez ces deux fillettes.
D’où l’idée de partir de choses vécues, donnant des idées pour « jouer » à la maison dans
un univers créatif.
Ce travail devenu hebdomadaire s’était poursuivi l’année suivante par un atelier théâtre
avec un petit groupe d’élèves à horaires aménagés ( improvisation de textes parlés sur
un thème choisi, avec des interventions musicales d’abord improvisées puis améliorées
à la maison et écrites pendant le cours individuel) et avait abouti à une représentation
lors d’une audition tous niveaux qui avait conquis les grands élèves.

Raphaëlle Vançon (CNR Nice) relate à son tour un travail effectué avec un claveciniste
et un percussioniste de fin de 1er cycle : partis d’une histoire construite à deux, puis,
avec l’aide attentive et concrète du professeur, ces deux élèves ont produit une « œuvre »
construite (un début, un milieu, une fin) et convaincante à tel point que les petites
soeurs de ces élèves ont illustré cette histoire avec des dessins grand format lors d’un
concert, le tout avec grand succès !

Claire Bodin ( CNR Toulon), à titre expérimental, s’est imposé de ne pas utiliser de
partition pendant un trimestre avec des élèves débutants ; elle s’inspire des éléments,
des animaux, des couleurs, des caractères, etc..pour développer tout une gamme
d’expressions tout en affinant l’aspect technique (souplesse du poignet, détente du bras,
qualité du toucher) ; dans l’idée de préparer le lien visuel entre la partition et le clavier,
elle met au point un jeu d’images à partir duquel l’élève peut construire son
improvisation.
Il semble que cette expérience soit positive puisque l’approche au clavier gagne en
qualités ( détente, création, aspect ludique de la démarche ) et que les éléments
indispensables à la poursuite de l’apprentissage soient abordés (maîtrise géographique
du clavier, future lecture,..).

Jacqueline Charaud ( Noisiel ) explique comment elle fait travailler plusieurs élèves
ensemble dans cet esprit de créativité et d’approche du clavecin : un ou deux élèves
s’installent au clavier et jouent un accord ou un groupe de notes ou de sons à intervalle
régulier, installant ainsi une pulsation qui devient le « leït-motiv » de la séance ; d’autres
élèves utilisent de petits instruments divers ( petites percussions) et improvisent sur
cette forme de rythmique obstinée ; vient ensuite une sorte de jeu de chaise musicale
puisque les élèves au clavier laissent leur place à d’autres, et ainsi de suite.
Dans ce type de séance, le professeur introduit des contraintes diverses ( rythme en
contre-temps, notes obligées, élément typique , etc...) et applique un « plan de route »
dont il a déterminé les éléments techniques qu’il veut aborder au préalable.

Martine souligne la difficulté d’organiser une séance d’impro à plusieurs à cause des
tranches-horaires très serrées dûes à l’indisponibilité des élèves pris par les cours de
formation musicale.
Raphaële Vançon fait un cours le samedi en faisant tourner les groupes dans cet
horaire.
Elisabeth (appuyé de Françoise Marmin au moment du compte-rendu) nous dit que
dans des structures et des villles plus petites, il est plus facile d’organiser cette activité.

Elisabeth demande à Martial Morand son expérience. Martial nous parle de l’approche
d’un prélude non-mesuré en prenant une ligne de basse avec peut-être un peu de
chiffrage.

Ilze Bertrand ( Conservatoire Municipal de Corbeil-Essonnes) parle des conditions
difficiles auxquelles elle doit faire face puisqu’elle travaille avec des groupes scolaires
(7-8 enfants minimum à la fois) avec un seul clavecin. Dans ce cas, il s’agit d’un atelierdécouverte
créé pour les classes instrumentales incomplètes.
Ilze a organisé un atelier impro pour les élèves à partir de l’âge de cinq ans. Elle
termine rapidement car on nous appelle pour la démonstation clavicorde.On demande
quelques minutes pour terminer.

Elisabeth Sotinel résume rapidement la progression qu’elle a mise en place dans ce
domaine, sachant que cette pratique est intégrée au cursus normal et qu’une épreuve
est programmée à l’examen de fin de cycle.
Des débuts à fin de 1er cycle, le travail s’oriente dès que possible vers la pratique sur
basses obstinées avec une prépondérance pour le passamezzo (facile) ; un cahier sert
à inscrire les bonnes idées, les formules de cadences ainsi que les éléments obligés
( cellules rythmiques, notes répétées, notes de passages, etc...). deux semaines avant
l’examen, un « menu » est décidé et mis en place.
Durant le 2e cycle, on poursuit le travail sur les basses obstinées, et on ajoute par
exemple un lamento (majeur, mineur) au fur et à mesure des progrès en basse chiffrée,
on varie les accords donc les effets.Le menu-type pour l’examen est une chaconne.
Durant le 3e cycle, on aborde la forme non-mesurée qui sera inscrite également à
l’examen. Il faut remarquer que la basse continue, l’étude du répertoire et l’improvisation
ont de plus en plus d’éléments communs au fur et à mesure des progrès ; la
compréhension formelle, tonale, esthétique, s’éclairent plus vite, les similitudes "sautent
aux oreilles" !

La table ronde s’achève un peu rapidement, faute de temps...