Isabelle Sauveur

Nous avons appris avec une profonde tristesse le décès de la claveciniste Isabelle Sauveur lors d’un accident de la route. Le Conseil d’Administration de Clavecin en France adresse toutes ses condoléances à sa famille et à ses proches, en particulier son mari et ses deux enfants blessés dans l’accident.

Nous nous proposons d’ouvrir ici un Livre d’or, en hommage à Isabelle Sauveur [1]

Le CA de Clavecin en France


Née en 1978, Isabelle Sauveur, commence ses études de clavecin au Conservatoire du Mans avec Françoise Petit, puis Catherine Samouel. En 1995, elle remporte une médaille d’or de clavecin à l’unanimité de clavecin au CNR d’Angers dans la classe de Françoise Marmin, puis l’année suivante un prix de perfectionnement à l’unanimité et avec les félicitations du jury.

Elle poursuit alors sa formation au CNSM de Paris dans la classe de Christophe Rousset. En 2000, on lui décerne le Diplôme de Formation Supérieure avec mention très bien. Elle se présente alors dans la classe de basse continue d’Yves Rechsteiner au CNSM de Lyon, où elle obtient le certificat d’études générales mention très bien en 2002.

En 2001, elle reçoit le troisième prix du concours international « musica antiqua » de Bruges (1er et 2e prix non attribués) ainsi que le prix du public.

Elle participait régulièrement en tant que continuiste aux productions lyriques de l’Opéra National de Bordeaux, et jouait dans des ensembles baroques réputés tels que Les Arts Florissants, Les Folies françoises, Stradivaria ou l’ensemble Philidor.
Elle a enregistré le troisième livre de pièces de clavecin de Josse Boutmy en Belgique pour le label Musique en Wallonie.
Titulaire du certificat d’aptitude, elle enseignait le clavecin à l’ENM de Bobigny et venait dêtre nommée au CRR de Saint-Maur.

(Informations reprises depuis le site www.lyriade.orgi Copyright Cyril Auvity)


Natacha Trotzky

J’ai appris avec désarroi le décès d’Isabelle Sauveur. Elle avait été ma prof de clavecin et basse continue à Bobigny entre 2009 et 2012. C’était une professeure exigeante et passionnée qui donnait de son temps pour ses élèves (même durant son congé maternité).

Je me rappelle mon premier cours. J’avais déjà quelques années de clavecin mais j’étais dans une période de creux musical. Je lui ai joué un morceau, l’allemande de la 2e suite française de Bach je crois. À la fin du morceau elle m’a dit qu’elle n’avait jamais vu quelqu’un trembler autant. Elle se demandait comment je ne tombais pas à côté des touches même ! Et elle s’est attelée à la tâche, son thermos de thé toujours à proximité, en cherchant comment contenir mon émotivité et si elle n’a
pas tout résolu elle m’a donné des clefs qui me servent encore aujourd’hui. J’ai aimé travailler avec elle. Elle avait fait le choix me semble-t-il d’enseigner à Bobigny car elle était sensible à la mixité, à l’accès à la musique pour toutes et tous et ça c’est précieux.

Je me rappelle qu’elle bougeait beaucoup lorsqu’elle jouait mais cela n’entachait pas sa musicalité. J’aimais beaucoup l’entendre et particulièrement à la basse continue où elle avait une écoute et une présence justes. Il me restera d’elle ces souvenirs évoqués ci-dessus et ce disque Orphée publié avec Cyril Auvity et l’ensemble l’Yriade.

J’adresse toutes mes condoléances à la famille.

Natacha Trotzky

Françoise Lengellé

Rencontre chaleureuse avant son entrée à Lyon, échanges à bâtons rompus, rires .... et durant sa scolarité, la joie de vivre et son rire communicatif dans les couloirs du CNSM ....
Ensuite, rencontres épisodiques lors de concours, de visites et d’invitations à Bobigny, un thé chez « Mariage »,et toujours ce sourire et cet appétit de vie,ces échanges chaleureux toujours, qui pour moi, caractérisent la magnifique musicienne qu’elle est .... je ne peux pas employer le passé.....elle est formidablement vivante et le restera !!

Françoise Lengellé

Arthur Thomassin

Révéler l’Âme en effleurant les touches du clavecin avec la sensibilité et l’émotion exprimées par l’Œuvre, c’est ce que Isabelle Sauveur réalisait lorsqu’elle interprétait le sens d’un vaste répertoire musical. C’est aussi l’enseignement d’Isabelle Sauveur, à ses nombreux élèves, avec son dynamisme et son dévouement à l’Art. Le Destin l’attendait le 17 février 2017, et je le regrette profondément, puisque nous perdons une remarquable musicienne, une humaniste et pédagogue. Mes pensées à elle, à son magnifique travail au Conservatoire, à son respect et l’amitié envers l’autre, à toute sa famille tragiquement endeuillée.

Arthur Thomassin
Directeur C.R.D.M.D.T.« Jean Wiéner »
Ville de Bobigny

Yves Rechsteiner

Isabelle est apparue dans la classe de basse continue de Lyon un beau jour, en faisant souffler un vent énergique et tonique. Rapidement s’est constitué autour d’elle un groupe de joyeux lurons passionnés par les textes sur la basse continue mais qui ne craignaient pas la critique du style vestimentaire de leur professeur. Une partie du temps passait à étudier et à jouer, et quelques minutes étaient consacrées à faire courir le chien "patate » dans les couloirs, pour le divertir des murs un peu austères de l’ancien couvent de St Elisabeth des deux Amants.

Le sourire d’Isabelle pouvait cacher la gravité et quelques fois l’inquiétude devant ce monde professionnel qui lui semblait tarder à s’ouvrir à ce moment-là. Elle n’attendra pourtant pas longtemps après ses études de basse continue pour mettre son savoir-faire au service de grands ensembles avant de s’épanouir aussi dans l’enseignement.

Je garde le souvenir d’une jeune femme vivace, pétillante de vie et d’envies. Je regrette de n’avoir pas plus suivi son parcours après ses études lyonnaises. Aujourd’hui je pleure sa disparition tragique et maudis le destin aveugle qui a placé la mort sur sa route, de façon si absurde. Qu’elle reste longtemps dans nos mémoires et que sa famille reçoive toutes mes condoléances.

Yves Rechsteiner


[1Témoignages à envoyer à contact clavecin-en-france.org