Les méthodes de travail, adapter ses exigences à la pluralité des motivations

Les Journées de CLAVECIN EN FRANCE,
Samedi 17 mars 2007. CNR de Paris
Compte-rendu de la table-ronde :

Modérateur : Claire Bodin
Rapporteur : Olivier Papillon

Claire Bodin professeur au CNR de Toulon introduit le débat, en précisant que la
notion d’exigence vient de l’intention de l’enseignant : une meilleure question serait
quel est le sens ? Enseigner tout ce qui est langage musical, technique ? Aider l’enfant
à devenir adulte, humain ? Le rôle de l’enseignant, celui d’un passeur ? Adapter ses
exigences, est-ce renoncer ? Enseigner c’est aussi cerner les motivations de l’élève et
l’accompagner dans les moments difficiles. Le bonheur à enseigner c’est le retour de
l’élève au professeur. Elle propose comme sous-titre à cette table ronde : continuer à
être heureux d’enseigner et trouver du sens.
Elle nous présente Rémy Leblanc, son assistant au CNR, qui s’occupe d’un atelier du
clavecin dans sa classe : il nous montre un livret avec les réalisations des élèves, en
parallèle avec l’enseignement musical et technique les élèves sont familiarisés par cet
atelier à la facture , l’accord, par exemple différencier les différentes écoles, française,
flamande , italienne...Il travaille aussi sur la terminologie, les matériaux, la notion
physique de ce qui se passe pour faire le son, ce qui amène à une meilleure
compréhension de ce qui demande un toucher et une attitude spécifique pour jouer
du clavecin. Cet atelier fonctionne par demi-heures individuelles. Il monte aussi une
épinette par an, ce qui permet de monter un parc d’instruments...Il insiste sur le fait
de compenser la difficulté par le côté ludique.
Catherine Zimmer, maintenant à Ajaccio nous parle de son expérience à Béziers, des
avantages pédagogiques à pratiquer pendant deux ans et la flûte à bec et le clavecin
en cours de groupes et en pratiquant directement la musique d’ensemble.
Virginie Kaeppelin professeur à Digne et Manosque, pose la question des adolescents
qui ont envie d’un autre répertoire, et nous pousse à chercher des idées de répertoire,
elle pense aussi qu’il faut remotiver par la musique de chambre.
Alain Cahagne, de Sète et Montpellier nous parle de son expérience, enseignant à la
fois l’orgue et le clavecin cela lui permet un éclairage et des correspondances de l’un
sur l’autre.
Il intervient aussi dans un partenariat avec l’éducation nationale, et les élèves de sa
classe font des interventions dans les écoles qui peuvent apporter une nouvelle
motivation.
Claire Bodin nous parle d’un concert à 10 clavecins avec ses élèves,ou entre autres il y
a des transcriptions du livre de la jungle, de tangos...Ce n’est pas de la démagogie,
mais un autre travail.
Raphaëlle Vançon de Nice rappelle que l’instrument est un médium. Pas une finalité.
Christine Heraud de Strasbourg note qu’il faut partir de l’univers de l’enfant, et que
toute esthétique est possible.
Une participante regrette qu’il n’y ait pas des Cd pédagogiques comme pour d’autre
instruments, Rémy Leblanc rappelle l’existence d’un disque noir de René Cotte.
Virginie Kaeppelin donne l’exemple du travail d’un prof de guitare avec CD.
Elisabeth Sotinel de Dieppe nous parle de son enseignement, où chaque élève a une
cassette personnelle de son travail, avec par exemple des basses pour improviser, elle
réactualise la cassette avant les vacances, cela permet de rassurer aussi les parents, et
de se rendre compte plus vite du but à atteindre, elle se sert de cet outil pédagogique
jusqu’au milieu du deuxième cycle.
Alain Cahagne s’interroge sur les nouvelles techniques pour remplacer cette cassette,
ordinateur portable, MP3, Ipod ?
Annie Kalifa précise qu’envoyer une plage de Cd sur un Ipod serait illégal, que
pouvons nous mettre sur le site de CLEF ?
Rémy Leblanc parle de son expérience à Toulon, ou dans le cadre de la classe de
musiques actuelles il y a tout le matériel nécessaire pour la prise de son.
Alain Cahagne, demande si, comme il y a peu de méthodes officielles, CLEF pourrait
relayer, rassembler les enregistrements existants, sensibiliser un éditeur ? Il y a là un
marché potentiel.
Françoise Marmin dit qu’autrefois on ne se posait pas la question de motiver, on ne
se creusait pas pour trouver des moyens, il y avait un enthousiasme qui aujourd’hui
ne suffit plus. On objecte le besoin de travail, de discipline, la non adéquation avec
leurs copains ...le hiatus entre jouer et travailler, la question de la notion de progrès...
Virginie Kaeppelin parle du travail à faire avec les parents, quelqu’un parle d’un
tableau de travail à faire avec l’élève, on met le temps idéal et l’enfant met ce qu’il a
fait.
Claire Bodin développe la notion de fierté de ce qu’on a accompli, transposé dans
d’autres domaines de la vie, cela donne du sens.
Françoise Marmin rappelle que l’objectif n’est pas la Musique avec M mais l’enfant...
Martial Morand, dit que quand on vient faire du clavecin en disant que c’est par ce
que c’est plus calme qu’en piano, il accepte. Pour lui le cycle I est une ouverture à la
musique en général, un parcours, une prise de goût, il fait un constat régulier avec les
parents. Il pense que si on est assez ouvert au départ, il n’y a pas à adapter ses
exigences aux motivations, puisqu’il n’y pas d’exigences....
Annie Kalifa propose de mettre les adaptations de pièces sur le site et faire grandir ce
répertoire.
Françoise Marmin précise que cette table ronde est complémentaire avec celle sur les
méthodes d’apprentissage.
Raphaëlle Vançon termine en rappelant que c’est le sens que l’enfant investit qui
compte avant toute chose....

Olivier Papillon n’a pas dit grand chose, occupé qu’il était à prendre des notes, mais
remercie tous les participants pour la bonne tenue d’écoute mutuelle de cette table
ronde, et souhaite d’autres occasions de débat avec tous les maîtres présents...Il se
permet de terminer son rapport par une citation de Quantz :

« Si au contraire on a mis sa confiance en un bon maître, et qu’on lui laisse le temps
nécessaire pour déployer et faire connaître sa science, alors on découvrira de jour
en jour, moyennant un vrai désir d’arriver à la perfection, de nouveaux avantages,
que l’on n’était pas capable de prévoir d’abord, et qui donnent occasion à des
recherches plus étendues. »