Les points forts d’une visite à Leipzig

Thomaskirche
Thomaskirche

Comme vous le savez, Clavecin En France a organisé un voyage à Leipzig entre le 22 et le 24 octobre 2014, « sur les traces de Jean-Sébastien Bach ». Nous étions accompagnés par Gérard Sutton, professeur d’Histoire de la Musique, et par Émile Jobin, facteur de clavecins et de clavicordes. Nous étions un groupe de 24, et nous pensons pouvoir dire sans hésitation que ce voyage a été un succès, à la fois agréable et enrichissant.

Le premier après-midi, nous avons déambulé dans le centre ville ; heureusement il n’est pas très étendu et la météo était clémente. Gérard Sutton nous a guidé dans ce parcours :

  • la Nikolaikirche où Bach a donné sa Passion selon St. Jean pour la première fois ;
  • l’ancien Hôtel de Ville, avec une statue de Goethe, où Bach a signé ses contrats avec la ville ;
  • l’emplacement de l’ancien Gewandhaus, première grande salle de concert à Leipzig ;
  • la Thomaskirche où Bach a enseigné et joué pendant 27 ans et l’emplacement où était située sa maison (maintenant disparue). Nous avons pris le temps de visiter l’intérieur de l’église pour voir le tombeau qui contient les restes (mais l’histoire est incertaine) de Bach, et pour voir les vitraux représentant Bach et Mendelssohn ;
Depuis la tribune de Saint Thomas
Depuis la tribune de Saint Thomas

S’arrêtant devant les monuments consacrés à Bach, Mendelssohn et Wagner, Gérard nous a évoqué les aspects sociaux de la vie musicale à Leipzig, la place de Bach et des autres musiciens dans cette société.

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Enfin, nous sommes passés devant l’endroit où se situait le fameux « Café Zimmermann », avant d’aller se réchauffer et discuter dans le plus vieux café (dit-on) d’Europe.

Le lendemain nous avons passé la journée entière dans la collection des instruments de musique du Musée Grassi. Ce musée possède quelque 20 orgues, 40 clavicordes, et 70 clavecins, épinettes et virginales. Nous étions reçus par le conservateur chargé des claviers ; il a passé une bonne partie de la journée avec nous et nous a permis d’observer les instruments de près autant que nous le voulions. Émile Jobin a eu presque assez de temps pour nous raconter tout ce qu’il savait de la construction des instruments à clavier ...

Deux point forts :

  • un moment pour écouter un clavecin italien du début du18ème siècle, construit par Migliai ;
  • un concert dans l’auditorium où nous avons joué sur trois instruments :
    — une copie d’un pianoforte de Cristofori (ouvert ensuite par le conservateur pour nous montrer la mécanique) ;

— un clavecin allemand d’environ 1730 ;
— un superbe petit orgue de Silbermann.

À la fin de cette visite « officielle », on nous a conduit dans les réserves où nous avons pu voir des dizaines d’instruments de toutes sortes, y compris bien sûr des claviers ; c’était comme lâcher des enfants dans un magasin de jouets ! Le conservateur a également ouvert un clavicorde pour l’examiner en détail avec Émile Jobin.

Musée Bach - Console de l'orgue de St Jean
Musée Bach - Console de l’orgue de St Jean

Pendant la dernière journée nous avons effectué des visites plus diversifiées. Nous avons commencé par la visite du Bach-Museum, récemment rénové dans une maison située en face de la Thomaskirche où Bach et sa famille rendaient visite à des amis ; dans ce musée nous avons bénéficié d’une visite guidée en français.

Nous avons pu voir plusieurs manuscrits des œuvres de Bach, des portraits des membres de sa famille et des copies du célèbre portrait de Bach lui-même (l’original se trouvant dans le musée de l’ancien Hôtel de Ville), des dessins et reproductions de la ville de Leipzig et les lieux où Bach a travaillé. Nous avons aussi examiné le manuscrit d’un aria de Bach que le musée a acheté, il y a quelques années seulement, grâce à son nouveau département « enquêtes »... sur E-bay !

A la fin de cette visite nous avons été invités à monter dans la bibliothèque (nouvellement ouverte au public) et dans la réserve. Là avaient été sorties pour nous la première édition des Partitas (1731), une édition de la 2e Partita de 1727, et une copie de cette même Partita réalisée vers 1728 par un copiste inconnu. Nous avons découvert ensuite l’édition de 1688 des œuvres d’orgue d’André Raison, dans laquelle on identifie le thème que Bach lui a « emprunté » pour sa Passacaille en ut. Enfin, on nous a présenté l’édition originale des œuvres complètes de François Couperin, avec l’allemande pour 2 clavecins que Bach a joué avec Wilhelm Friedemann.

Après le déjeuner, nous sommes revenus à la Thomaskirche faire le tour de la tribune d’orgue. Nous avons pu regarder et écouter l’orgue romantique avec ses 88 jeux, sur lequel Max Reger a joué ; puis la copie d’un orgue baroque que Bach aurait pu connaître, et sur lequel un excellent élève a joué pour nous une toccata de Muffat.

De là nous avons changé de siècle, avec la visite de la Mendelssohn-Haus où se trouve le petit salon dans lequel il travaillait et composait. On a appris pas mal de choses sur sa vie, sur la tradition musicale qui lui avait été transmise par sa tante, élève de Wilhelm Friedemann, et sur le (fameux) concert de 1830 où il a rejoué pour la première fois depuis la mort de JS Bach la Passion selon St. Matthieu. A la fin de cette visite, Gérard Sutton a évoqué à nouveau les musiciens et leur vie à Leipzig, les changements dans la société liés à la bourgeoisie, qui ont fait « sortir » la musique des églises vers les salles de concert, et enfin le succès de Mendelssohn pour placer la musique de Bach au centre de la vie musicale.

Pour finir notre visite, nous sommes allés à la Musikhochschule, où Nicolas Parle, le professeur de clavecin, nous a expliqué le fonctionnement du département de Musique Ancienne. Il nous a ensuite montré les instruments disponibles pour ses élèves, quelque 6 ou 7 clavecins, ainsi que des épinettes, clavicordes et pianoforte.

Une conclusion ? Nos trois journées étaient remplies de choses intéressantes à voir et à faire, et on a passé des moments très agréables avec un groupe « bien sympathique ». Cela valait largement le déplacement ...

Et pour la prochaine fois ... ?

R.S.